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Sfax Panorama

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21 février 2008

Présentation du Forum Sfaxien

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En 2006, trois sfaxiens (nés à Sfax) ont crée pour vous LE FORUM SFAXIEN.
Aujourd'hui, ce forum compte plus de 270 membres de toutes origines, nationalités ou religions.

Vous pouvez vous rendre sur le site du forum en cliquant sur  Le Forum Sfaxien

Ce forum nécessite une inscription (gratuite). Si vous n'êtes pas inscrit, vous découvrirez la présentation générale du forum mais toutes les rubriques et sujets ne seront pas accessibles et visibles.
Une fois inscrit, vous pourrez aller dans le « coeur vivant » de nos échanges autour du thème principal SFAX.

Ce forum est réservé, à nous Sfaxiens, mais aussi à nos familles et aux sympathisants qui aiment Sfax.

L'objectif du Forum Sfaxien est de créer un espace de convivialité en évitant tous les sujets polémiques (pas de politique et de signes ostentatoires de religions):

Ainsi le forum permet de :

  • communiquer et resserer les liens entre nous, retrouver d’anciennes connaissances sfaxiennes,
  • raconter nos souvenirs, nos joies et nos peines,
  • nous exprimer dans nos domaines de prédilection (peinture, musique, poésie, sport, loisirs,etc.),
  • donner notre avis sur tel ou tel sujet,
  • lancer un appel de recherche,etc.

Merci à vous tous de venir vous inscrire puis d'y participer activement.

Vous êtes ou vous serez la vie du Forum Sfaxien.

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15 janvier 2008

Le Moulin à Café (Roger MAcchi)

 
Je me souviens de cet objet d’un autre âge, venant du fin fond de mon enfance !
Je revois la cuisine au petit matin avec ses murs beiges carrelés de blanc. Par la fenêtre ouverte, avec le premier rayon de soleil, parvenait à mes oreilles le chant du chevrier appelant son troupeau.


Moulin_cafe_Mehri_650X858Je revois mon pyjama rayé et la chaise de bois sur laquelle je montais pour atteindre le placard haut et profond où j’allais chercher le paquet de café Bondin avec l’image d’un monsieur en habit qui verse le caoua dans une tasse d’un geste ample et généreux. Ce paquet était souvent en équilibre entre le pot de confiture et le sac de pain dur, aussi ce n’était pas simple de l’extirper sans rien faire tomber et surtout ne pas le renverser.
Ensuite, à tâtons, j’empoignais à deux mains, sous le rideau de l’évier, « le moulin à café » qui m’attendait pour notre défi quotidien.
C’était une caisse en noyer, déjà bien patinée par le temps et les fréquents maniements. Sur le devant un écusson en cuivre portait la marque « JAPY Frère & Cie » dessous un tiroir à la poignée ébréchée recueillait la poudre. Au-dessus le réservoir en laiton s’ouvrait par moitié en pivotant ; et, je devais contrôler la pluie de grains noirs, à qui parfois, il prenait la fantaisie de rouler joyeusement sur la toile cirée à carreaux rouge et blanc, avec un léger bruit de claquette. Puis, refermer le vase, m’asseoir sur la chaise, coincer le moulin entre mes cuisses, et, enclencher craintivement le mouvement de rotation de la manivelle en écoutant le craquement funeste des grains broyés par la mécanique, ce bruit, quotidiennement m’arrachait le cœur. En effet, à chaque tour de manivelle j’avais l’impression de tuer des dizaines de petites bêtes innocentes. Aussi, parfois discrètement j’ouvrais le couvercle afin de vérifier qu’aucun appel de détresse ne s’y échappait !    
Il ne se passait pas un jour, sans que cette diabolique machine, peut-être pour me châtier de ma cruauté, ne me pince la peau des cuisses plus ou moins fort. Me faisant grimacer, et, parfois sursauter si haut, que … le tiroir glissait de son logement et tombait sur le carrelage blanc et noir renversant toute la mouture odorante, pour le plus grand désespoir de ma mère, qui accourait avec un regard désapprobateur.
Pour ma défense, je lui montrais mes pauvres cuisses meurtries !
     Sur le primus, l’eau chauffait dans la casserole d’aluminium. Et la cafetière en émail bleu, bec en avant, attendait de recevoir, avec le clapotis de l’eau coulant goutte à goutte la chaleur de cette liqueur aux nuances velouté de nuit, à l’odeur de petit matin, et au bonheur du partage familial.

Voici ce que Roger MACCHI dit de lui-même :

Je suis né à Sfax en 1936, ij’y ai vécu mes 20 premières années ! Mais, depuis si longtemps que j’en suis parti, ...j’ai perdu l’accent de là-bas ! Toutefois il reste enfoui au fond de mon cœur avec les souvenirs de mon enfance désordonnée et bousculée par les bruits de guerre. 

    Maintenant, depuis que le temps du labeur s’en est allé, je me tourne vers les souvenirs que le hasard fait revivre dans ma mémoire. Et je partage mon temps entre mes passions : peinture et écriture. Car je pense que les rêves que j’avais à 20 ans, peuvent encore me faire rêver. La nostalgie c’est ce qu’il advient avec l’âge, mais une nostalgie douce qui réveille ma mémoire et me permet de me délecter du passé. Car je sais que l’on ne quitte jamais complètement le chemin de l’enfance ! et c’est pourquoi maintenant que j’ai fait le tour des choses et des gens, je reviens vers Sfax pour faire revivre cette période heureuse de ma vie. Sans regrets, mais avec ce plaisir que l’on prend à se souvenir des choses passées. Toutefois, toujours avec une certaine dérision afin de ne pas me prendre au sérieux !

Roger MACCHI a écrit deux livres :

  • « Lettre à mes arrières petits enfants ».
  • « La mémoire éparpillée ».

11 janvier 2008

Le nom de Sfax

Tiré du recueil « Fastes chronologiques de la ville de Sfax » et transcrit par Georges Msihid administrateur du Forum Sfaxien

Sfaks
Une tradition arabe veut qu’à l’emplacement actuel de la ville de Sfax (Sfaks) existât autrefois un petit fort (la kasbah) surmontée d’une tour, du genre de ceux que l’on rencontre sur toute la côte. Autour de ce fort, de ce « mahres », habitaient de pauvres pêcheurs.

A l’intérieur du pays, à une faible distance, se trouvaient de nombreuses bourgades ou de villes. Leurs habitants s’accoutumèrent à se réunir autour du fort, un jour par semaine ; là, ils échangeaient entre eux ou vendaient les produits de leur travail, achetaient ce qui leur était nécessaire. Ce marché prit peu à peu de l’importance ; on construisit des fondouks, des maisons s’élevèrent à côté, la population s’accrut et la ville naquit. Si  l’on en croit  Ptolémée, cette tradition serait exacte. Tous les auteurs, en effet, sont d’accord pour voir dans Sfaks, un point mentionné par le  géographe alexandrin, entre Oussilla, (Inchilla actuelle), et Tenae, ( Henchir Thina). Il lui donne le nom de » Taphroura », ou « Taphrouaï », ou » la Phrouria ».


Ce nom se retrouve à plusieurs reprises dans l’œuvre ptoléméenne. Le qualificatif « Phrourion » est donné à une ville d’Egypte, à Clysma. L’auteur ancien cite aussi « Taphros » dans la Chersonèse Taurique. Quelle que soit l’étymologie que l’on cherche pour ce nom, on arrive à « Taphros », (retranchement), ou « Phoura », (poste de garde). Le Taphros de la Chersonèse Taurique est d’ailleurs un exemple de cette signification.   Il porte actuellement le nom de « Pérécop ». Or ce nom signifie en russe « fossé ». C’est la traduction presque littérale d’un autre mot grec, « Péricopè », qui veut dire « coupure », retranchement.

Nous savons en outre qu’au quinzième siècle, Mengli Ghirei fit réparer la coupure que les années avaient comblée. Je signalerai cette transformation du mot « Taphros » en celui de « Pérécop ». Elle me sera utile pour montre la similitude qui existe entre les noms de « Taparura et de « Sfaks ».

Une autre tradition veut qu’au moment de la chute de Carthage, Scipion Emilien, vainqueur, pour séparer la Numidie… (La Tunisie de l’époque plus une partie de l’Algérie)…. des nouvelles possessions romaines, fit creuser un fossé qui, partant du fleuve « Tusca », (près de  « la Calle », aurait abouti à « Thenaé ». La région située au sud de ce point porte encore le nom d’ « El Hadd », (la frontière). Il aurait été naturel que, tête de ce retranchement sur le golfe de Gabes, cette ville eût été défendue par une série de forts détachés, dont « Taphrura » aurait fait partie. Au onzième siècle, sur l’emplacement de « Thinae », ruinée par les arabes envahisseurs, s’élevait un poste de surveillance dont les ruines existent encore et qu’El Bekri place parmi les forts détachés autour de Sfaks, sous le nom de « Mahrès-er-Rihana », (corps de garde du myrthe).

De tout ce qui précède ressort donc la vérité de la tradition arabe. A l’emplacement actuel de Sfaks, s’élevait un simple poste de garde, reliant « Thenae » à « Oussilla », servant même de défense, de « mahres » à la première de ces villes.

Un auteur, (Mannert), a cru pouvoir identifier « Taphrura » au « Kidiphtha » du Stadiasme, (Hedaphta de Ptolémée). Ceci est en contradiction avec ce dernier géographe, qui différencie formellement « Taphrura » d’Hedaphtha et place cette dernière ville entre les deux syrtes.

Quand au Stadiasme, il assigne à Kidiphtha un emplacement au sud et en face de « Menninx » (Djerba), en un point que Tissot appelle « Henchir Roumia », à égale distance de Gabès et du « Ras-el-Djeurf ».

Morcelli, de son côté, a cru pouvoir assimiller « Taphrura » à la « Taphra » de Pline. Mais l’historien latin assigne à « Taphra » un emplacement analogue à l’ »Hedaphta » de l’astronome alexandrin.

Tout au plus pourrait-on proposer l’assimilation de « Taphura » avec un « Kidiphta » que l’auteur du Stadiasme place en face de « Cercinna »….(Kerkena). Mais la distance indiquée dans ce péryple, comme séparant « Tacapé », ....(Gabes) de ce « Kidiphta », ne peut s’appliquer qu’à l’Hédaphta » ptoléméen : on doit donc repousser la similitude.
  En résumé, « Seylax », » le Stadiasme » et « Méla »,…(avant J C), ne citent pas « Taphrura ». A l’époque de Strabon, (50 ans avant J C). La ville rentrait évidement dans la catégorie des nombreuses petites bourgades dont cet auteur signe la présence au bord de la mer, mais dont il ne mentionne pas le nom. Pline (70 après J C) reste muet sur cette cité. Ce n’est que 70 ans plus tard   (140 après J C)   que Ptolémée en parle.
Les tables dites de « Peutinger » relatent « Taphrura » sous la forme de « Taparua ».

Au cinquième siècle, « Taphrura » se trouve dans la liste des évêchés d’Afrique, pour disparaître complètement de l’histoire à partir du septième siècle. Depuis cette époque,, le nom de « Sfaks », seul se rencontre chez les écrivains.

Comment a pu s’opérer cette transformation de nom ??? C’est ce que nous allons étudier.
Jusqu’ici, on n’a pas encore été d’accord sur l’étymologie du mot « Sfaks ». Les uns y voient une variation du mot « fakkous »….. (concombre), les jardins avoisinant la ville en produisant beaucoup. D’autres font appel à leurs souvenirs historiques et trouvent dans ce nom une forme légèrement défigurée de « Syphax », (202 avant  J C)…. roi de Numidie.


Certains auteurs, enfin, donnent à « Sfaks » une origine identique à celle de « Carthage ». Une reine étrangère aurait un jour débarqué en ce lieu et aurait obtenu la concession du terrain que pourrait envelopper une peau de bœuf. Faisant alors appeler un de  ses esclaves, appelé « Sfa »,, elle lui aurait dit :… « Sfa….kess »…..( Sfa….coupe)…

C’est ainsi qu’elle aurait englobé une immense étendue de terrain dans cette peau coupée en fines lanières.
 

Mais, personne jusqu’ici n’a songé que la population sfaksienne  n’est pas arabe, mais libyco- phénicienne berbère. On aurait donc dû rechercher cette étymologie non dans la langue arabe, mais dans la langue berbère. On aurait ainsi vu que « Sfaks » et » Taphrura » sont le même nom en deux langues différentes. C’est une transformation pareille à celle qui  de « Taphros » a fait…. « Pérécop ».

En effet ; que peut signifier « Sfaks » en bèrbère ???

Deux réponses presque identiques peuvent être faites  à sa demande.
  « Sfaks » est susceptible d’être décomposé en :

        1/     S……. celui qui….( factitif de la première forme)…
                FA……il a étendu,….il étend…
                EKES…..séparation,…coupure…

         2/     S……..celui qui
                  FA……il a étendu….il étend…
                  EKEZ……..surveillance….garde….


De ces deux étymologies, la première, (celui qui a étendu une séparation, une coupure) rentre bien dans l’idée du fossé fait par Scipion Emilien. Mais comme l’existence de ce fossé est fort problématique, nous ne pouvons y chercher une preuve en faveur de notre hypothèse. Disons seulement, à titre de curiosité, que la  forme de « ekes » est le mot berbère de « ksar »….(château fort)….
La seconde, au contraire, vient en regard avec le mot « Taphrouria » et comparons ces deux étymologies.
    
   Τα    ψρουρια                                                                                                                 S FA Ekez
Les postes de surveillance ;    celui qui étend la surveillance.

Nous obtenons une égalité parfaite entre ces deux noms ; le premier n’est que la traduction grecque du second.

Il n’y a là  rien qui doive nous étonner. Nous avons déjà vu que « Taphros » était une forme grecque du mot « Pérécop » Sur le golfe de Gabès, au sud de Thénae, se trouvait une ville que les anciens appellent indiferrament    Νεα  Πολις… (Néapolis)…autrement dit Nabeul…et                   Μαξομαδες…. ( Macomades).  Or on sait actuellement que Macomades écrit en langue assyrienne et se lisant par conséquent de droite à gauche, donc   SDH-MKM, qui signifie « ville neuve », ….Νεα   Πολις.

Il est donc très naturel qu’écrivant en grec, et désireux que l’on comprit la signification du nom des villes qu’il citait, Ptolémée ait relaté une ville de « Taphrura » à laquelle les habitants donnaient l’appellation bèrbère correspondante de « Sfaks ».

Lorsque les Grecs eurent disparu du territoire africain, les arabes envahisseurs conservèrent naturellement à la ville le nom seul que lui donnaient les aborigènes.

L’entière similitude entre « Taphrura » et « Sfaks » établie, arrivons aux fastes chronologiques.

30 décembre 2007

BONNE ANNEE 2008

Chers amis sfaxiens et membres du Forum Sfaxien,

Nous vous souhaitons une très heureuse année 2008 : tous nos voeux de bonheur et de santé dans un monde en paix.

En 2008, nous comptons sur vos nombreuses visites du forum et votre participation.

A BIENTOT.

Voici une compostion construite à partir d'images (cartes postales et photos) que vous pourrez retrouver dans "Le Forum Sfaxien" et dans le blog "Sfax Panorama"

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LE FORUM SFAXIEN
forum :
   
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mail :    forum.sfaxien@club.fr
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13 décembre 2007

L'ancien théâtre de Sfax

L'ancien théâtre de Sfax était une pure merveille d'architecture néo-mauresque en cohérence avec la Municipalité (Mairie ou Baladia) et le palais Ramdane.

Malheureusement ce théâtre a été détruit lors des bombardements de Sfax qui entre-nous soit dit visaient le port de commerce bien plus au sud de la ville.

Voici une photo de ce théâtre proposée par Marguerite AXISA.

Ancien_tjeatre_de_Sfax_1

:

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11 décembre 2007

La ville arabe de Sfax (récit de Roger Macchi)

Il s'appelle RORO dans Le Forum Sfaxien, mais c'est  Roger MACCHI "dans le civil". RORO a écrit de nombreux récits inspirés de ses belles années  passées à Sfax.Roro

Ce récit était long, donc il a été découpé en plusieurs parties; Voici la première partie de sa description très "croustillante" et colorée de la ville arabe de Sfax.


Bien entendu, il y aura la suite ...

Je me souviens de la première fois où je suis entré dans la ville arabe. Voilà bien longtemps.
Déjà aux pieds des remparts, mon cœur battait à se rompre. J’ai regardé les hautes murailles ocres, imposantes, majestueuses et inutiles puisque désormais la solennelle porte de diwan, en lourd bois clouté, bardée de fer, était à jamais grande ouverte comme la gueule d’un monstre géant. Elle avalait et rejetait tout un peuple multicolore, nonchalant, gai et aujourd’hui indifférent à mon angoisse de me perdre sans jamais retrouver le chemin de la maison !
J’hésite encore, mais la curiosité et l’esprit d’aventure sont plus forts ! Enfin Je me lance, gentiment bousculé par la foule.
Dès l’entrée, j’ai longé la boutique d’un marchand de pain, ça fleurait bon le fournil chaud, cela m’a rassuré. Enhardi, j’ai passé la chicane et me suis engagé dans la rue de la grande mosquée.
Après quelques pas sur les pavés disjoints, usés par des siècles de babouches traînardes, j’ai regardé les vieux murs fatigués et aveugles qui se resserraient vers le haut comme un piège, une nouvelle appréhension m’envahit. Vais-je faire demi-tour ... ? Non ! Je ne céderai pas à la panique, d’ailleurs que peut-il m’arriver, les regards tout autour sont bienveillants  et par-dessus, le ciel est bleu.
J’ai continué, évitant les charrettes à bras, les portefaix et les petits ânes dont les sabots glissent sur le sol luisant.
La devanture du pâtissier aimante mon regard. Je me suis approché et j’ai contemplé avec gourmandise toutes ces assiettes remplis de baklaoua, graïba, kaâk, makroudh, zlebia … ma gloutonnerie n’y résiste pas.  J’ai acheté une corne de gazelle, un cigare au miel, et un nougat que j’ai dégusté sur place avec un verre d’orgeat bien frais.
Je suis passé devant la boutique du barbier, une T.S.F. nasillarde une chanson d’Oum Kalsoum.
Plus loin, je me suis arrêté un instant devant le café maure où des hommes en burnous assis sur des divans fument tranquillement le narguilé posé sur des tables basses, les yeux perdus dans leurs rêves, pendant que d’autres jouent aux dominos.
Puis, mon attention est attirée par des bruits de voix, ce sont les enfants du koutteb, l’école coranique, ils psalmodient quelques sourates.
Et ainsi, je me suis retrouvé devant la grande mosquée dont le lanternon s’élève vers le ciel en direction de Dieu. La façade est belle avec ses niches séparant portes et fenêtres à linteaux surmontés de tympans. Tout contre son mur, se tient le marché aux parfums, les odeurs d’oranger et de jasmin indiquent bien la spiritualité du lieu.

(à suivre)

11 décembre 2007

La ville arabe de Sfax (suite et fin)

Voici la suite de l'histoire  sur la ville arabe de Sfax raconée par Roger Macchi :

...

J’ai continué mon exploration, encouragé par le paisible spectacle. J’ai tourné dans la rue des notaires.  Dans la pénombre des échoppes, j’aperçois les actes roulés et entassés sur des étagères au fond de l’unique pièce de vie. Le notaire, une belle moustache grisonnante, la tête enserrée dans un turban blanc, comme les ulamas, est assis sur une natte,  de ses yeux myopes il lit un gros livre à la couverture de maroquin.
Dans la rue, par endroits, sont tendus des grands draps de toile pour faire des îlots d’ombre. Le soleil haut dans le ciel incendie d’une lumière sans pitié que les murs blancs irradient. La chaleur est accablante, aussi c’est avec délice que je pénètre dans le souk, voûté, obscur et calme des étoffes, afin d’y goûter un peu de fraîcheur.babdjebliencouleurbis1
Là, j’ai croisé quelques juives et des européennes faisant leurs emplettes. Je l’ai traversé et je suis sorti par une porte en forme d’arc brisé pour déboucher sur la rue très animée des teinturiers.
Dans le caniveau au centre de la rue coule un liquide nauséabond, l’odeur me prend à la gorge. Une odeur d’eau croupie, de sueur, ou de bêtes pourries je ne sais pas ! Je cherche les teinturiers, je n’en vois pas. Les maisons sont de hauteurs inégales, avec des fenêtres aux contours ciselés. Des boutiques basses vendent toutes sortes de bric-à-brac.
Accrochés aux auvents pendent des couffins d’osier ou de paille tressée, des guerba(2), des Tamis de différentes grosseurs. Posé à terre, des nattes roulées, des bassines, des couscoussiers, toutes sortes de récipients, de pots, canoun en fer ou en terre, des cuvettes  en émail multicolore de toutes dimensions, et quantités d’outils dont j’ignore le nom et l’utilisation.
Des groupes d’hommes coiffés de turbans, et vêtus de la gadroum(3) traditionnelle, ou encore d’une chemise rayée par-dessous une sédria unie, d’un sérouel blanc ou noir, la chéchia rouge sur la tête,   papotent.
Passent devant moi deux femmes enveloppées dans leurs voiles blancs et un vieil homme sur un bourricot. Il est assis sur la grara, cette selle en paille terminée par deux hottes pleines ras bords, le pauvre animal à du mal à avancer, ses pattes frêles tremblent sous le poids.
Ne sachant où aller, je l’ai suivi.  Je suis passé sous une porte monumentale et je me suis retrouvé de l’autre côté de la ville arabe, à bab Djebli.
À peine le borj passé, c’est comme un coup au cœur, le spectacle est grandiose ! La place immense est un gigantesque marché à ciel ouvert.
Le soleil est au zénith, le ciel sans nuage presque blanc se confond avec la terre. L’air est saturé d’odeurs, ici ce sont des merguez qui cuisent sur le charbon de bois, plus loin, les ftaïrs qui exhalent l’huile de friture surchauffée, ou lablabi qui dégage ses arômes d’épices. Un boulanger passe portant sur la tête une planche où toutes sortes de pains odorants sont alignés comme une armée en ordre de bataille.
J’ai acheté deux merguez dans un petit pain italien avec de l’harissa.  Un essaim de mouches tourne autour de moi, je les chasse de la main, mais insolentes, elles reviennent inlassablement.
Il y a des monticules de piments, de tomates, de poissons et de viandes séchés, le tout posé sur des toiles à même le sol. Autour, un peuple rieur, marchande, crie, chuchote, s’apostrophe et souvent invoque le nom d’Allah.
Un peu plus loin, des hommes assis par terre boivent un café, la zazoua passe et remplit les verres. Le temps est suspendu. Les palabres vont bon train sur les affaires de la ville et la politique de la région.
Sur la gauche, là où se trouve une série de nasriah des dromadaires agenouillés ruminent avec une lippe de dédain. Ils attendent les chargements qui les verront repartir vers leur lointaine destination. Des ânes, des mulets entravés, et écrasés par de lourds harnais broutent l’herbe rare de la place.  Des bédouines silencieuses en cotonnades rayées sont installées devant des tentes en toile noire, et attisent la braise du canoun avec l’éventail à manche de bois, afin de cuire la chorba. Autour d’elles des grappes d’enfants jouent et quelques maigres chevrettes rodent près des sacs de grains et des ballots de paille. Tout en vrac, une pyramide de gargoulettes. Plus loin, des balles d’Alfa venue du sud.
Derrière une ligne de palmiers, se découpent sur le ciel les coupoles blanches de quelques marabouts et un vaste cimetière où les tombes sont disséminées au hasard sans délimitation.
Soudain, je remarque un attroupement qui se forme sur ma droite. Curieux je m’approche. C’est un conteur, assis en tailleur sur un petit tapis de prière, une darbouka lui sert à rassembler la population autour de lui, un cercle silencieux et grave grandit, tous attendent le cœur battant. L’homme est âgé, il a une belle barbe blanche, le visage maigre et dans les yeux une expression hautaine, des lèvres charnues et un sourire très doux. Il scrute attentivement son auditoire, sort une petite boîte métallique ronde qui contient de la néffa, il en met une pincée dans chaque narine aspire profondément, ferme les yeux et dit d’une voix grave et chaude :
« Que Satan soit maudit ! Que grâce soit rendue au très haut, le tout puissant, le miséricordieux !
illaha illa Allah Mohamed rassoul Allah. »
Il fait une longue pose, examine l’assistance, pour voir l’effet produit, puis reprend.
« Allah a étalé la terre, puis il a étagé les sept cieux, et enfin il a créé l’homme. Ô toi qui m’écoutes, écoute bien et médite  mes paroles »
Puis, posément, il raconte avec moult fioritures l’histoire du sacrifice d’Abraham.
Il est vrai que le temps de l’Aïd est proche.
Il termine en invocant à nouveau le nom d’Allah.
« Voilà mes frères, comment celui qui a pouvoir sur toutes choses qui est, mais aussi sur toute choses qui n’est pas, a par sa volonté sauvé Ismaël l'ingénu, et sécher les larmes de Hagar.
Kefak  ala moulek ! »
Cette belle histoire, je l’avais apprise, moi aussi au catéchisme. Et le rabbin l’avait également enseigné à mon ami Isaac.
Quand il eut fini, un grand silence ému planait sur l’assemblée. Puis chacun mis dans la chéchia du conteur, un nouss  ou un frank.
Je lui ai donné un doro.
Puis, je suis retourné vers la maison passant par la
Rue du bey. Au travers des étroites ruelles, des voûtes encadrent les murs blancs dégoulinants de soleil et que découpent quelques moucharabiehs. Au-dessus le ciel d’un bleu de cyan donne à l’ensemble un côté magique et envoûtant.  C’est l’heure de la sieste, tout est calme, seuls quelques chats miséreux traversent rapidement la rue à la recherche d’un coin d’ombre.
Dans ma tête résonnent les bruits, les odeurs, et les images du spectacle éblouissant auquel j’ai participé.
Je sais, qu’il demeurera à jamais gravé dans mon cœur.

10 décembre 2007

SFAX - BAB - BHAR

SFAX - BAB - BHAR
Vidéo envoyée par JAMES-TK

Voici une bonne vidéo sur le Sfax d'aujourd'hui. Le commentaire est en arabe (sans sous-titres) ; ceux qui ne peuvent pas suivre les descriptions, s'attacheront aux très belles images qui sont présentées.

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